Au violon
Portrait : Caroline Delépine des Ateliers de Cely, animatrice d’ateliers d’art
Partager son savoir et son savoir-faire pour initier les prisonniers des centres pénitentiaires de Melun et Réau à l’art.

Les vocations empruntent parfois des chemins détournés… Comment Caroline, diplômée de la prestigieuse école Boulle, devenue courtière en pierres précieuses, est-elle passée des illustres et respectables grandes maisons parisiennes de bijouterie de la place Vendôme à la « case prison » ?
Pendant dix ans, elle a oeuvré pour les richissimes clients de la planète avec quelques arrières pensées qui, au fil du temps, se sont imposées à sa conscience. Alertée par des articles publiés dans la presse et relatant les conditions dégradantes de quasi esclavage dans lesquelles sont extraites les diamants et autres gemmes, Caroline prend ses distances avec son milieu professionnel et elle quitte le métier…
Sa reconversion prend une tournure pour le moins insolite. Son envie de transmettre et de partager son savoir et son savoir-faire se concrétise à la faveur de son lieu de vie, Melun, où un centre pénitentiaire accueille quelque 300 détenus. Initier des prisonniers à l’art devient son mantra et à force d’obstination et de persuasion, elle intègre l’équipe d’animateurs et crée un atelier hebdomadaire, d’abord à Melun, puis à Réau, un autre centre de détention pour longues peines dans le département.

Vingt-cinq ans plus tard, Caroline n’a aucun regret, bien au contraire ! « J’essaye de tirer le maximum de ce que chacun a en lui, sans le savoir » assure-t-elle. « On tisse une toile, petit à petit. Même ceux qui n’ont jamais tenu un crayon en main découvrent leurs capacités, leur univers intime. Bien souvent le travail abouti est offert à la famille, ce qui permet de garder un lien, de faire changer le regard. »

Bien sûr, il faut savoir se préserver, garder ses distances, avoir de l’humour et du détachement pour gérer la relation. « On est dans l’affectif, il y a parfois beaucoup d’attente de la part des détenus, mais il faut garder son âme et ne pas se laisser entraîner. »
Le point d’orgue des ateliers : l’exposition annuelle organisée avec le concours de l’association « Talents Cachés » (cf l’article dédié). Un moment fort pour toutes ces âmes éclopées.
A votre écoute !
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