Au violon
Ariane sur le fil – La prison et après ?
Quelle que soit la durée de la peine prononcée à l’encontre d’une personne condamnée par la Justice, la question de « l’après » devrait être une priorité absolue. C’est loin d’être le cas…

Certaines initiatives allant dans ce sens méritent d’être saluées et encouragées : l’association La lucarne d’Ariane, créée en 2018, s’est donné pour mission d’accompagner les détenus et les sortants de prison sur le chemin difficile de la résilience. Donner un sens à sa vie, se former, retrouver un travail, autant de problèmes à résoudre pour déjouer la tentation de la récidive des personnes mises à l’écart de la société et stigmatisées.
Au cœur de la thématique de l’association : les métiers de la culture, la production de spectacles, l’apprentissage des savoirs-faire techniques, avec, comme mantra, la certitude que chacun, quels que soient ses méfaits, a la capacité de renaître et de se réinventer.
Le travail est essentiel à cette reconstruction et le domaine de la culture plus qu’aucun autre : en raison de son éloignement du modèle classique de l’entreprise fondé sur les rapports hiérarchiques verticaux, la culture offre des espaces de dialogue d’égal à égal propices à la resocialisation et au renforcement de nouveaux liens.

La raison sociale « Lucarne d’Ariane » ne doit rien au hasard ! Une lucarne n’est-elle pas une ouverture vers le ciel et vers la liberté ? Quant à Ariane et son fil, la mythologie grecque nous en livre le symbole : avoir un guide et lui faire confiance pour se tirer d’un mauvais pas… Sur le terrain, La Lucarne accompagne des projets artistiques à la création « son et lumière », à la diffusion de leur spectacle et assure la technique plateau pour des lieux culturels partenaires.
En 2024, La Lucarne va plus loin avec la création d’un studio d’enregistrement professionnel au sein de la Maison d’Arrêt de Fresnes. Etienne, ingénieur du son, en est la cheville ouvrière.

© Crédit photo : « L’oeil témoin » – Arnaud Caillou
Nouveau recours à la sagesse antique, le studio, baptisé Orphée, offre tous les services nécessaires à la réalisation d’un livre audio : enregistrement, mixage et mastering, post-production et même habillage sonore : musique, générique, bruitages, etc.
Le tout opéré par des détenus dûment formés dans le cadre de l’INA (Institut national de l’audiovisuel), motivés et rémunérés.
L’objectif est bien évidemment de valoriser les compétences acquises et de favoriser le retour à l’emploi.
A ce jour, treize détenus ont participé à la mise en ligne d’une dizaine de livres audio sur des plate-formes spécialisées. Une réussite et un immense espoir pour les heureux bénéficiaires sélectionnés.
Se pourrait-il que le mythe fondateur soit démenti et qu’Orphée retrouve son Eurydice ? Le dieu des Enfers en sera pour ses frais…
A votre écoute !
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