Au violon
Des foyers pas comme les autres
Basée en Rhône Alpes Auvergne, les « Foyers Matter » se consacrent, entre autres, à l’accueil, le suivi, la réinsertion et l’orientation professionnelle, de personnes sous-main de justice. Un beau succès !
Et pourtant que de difficultés à surmonter !

Matter, Etienne. A un « t » près, le nom de cet industriel alsacien du XIXe siècle portait en lui ce projet d’assistance aux plus démunis, nouvel alma mater devenu au fil du temps les « Foyers Matter ». Aujourd’hui basée en Rhône Alpes Auvergne, l’association se consacre, entre autres, à l’accueil, le suivi, la réinsertion et l’orientation professionnelle, de personnes sous-main de justice.
Investi depuis 2014 au sein de Foyers Matter, Francis Gaquère en assure le secrétariat. Sensibilisé à la situation des sortants de prison, il développe avec Marc Renart, président, un programme à l’intention de personnes sortant de prison bénéficiant d’un aménagement de peine (placement extérieur). Intitulé « Devenirs », ce service, mis en œuvre en 2016, bénéficie depuis 2022 d’un agrément de cinq ans accordé par le Service de Pénitentiaire d’Insertion et de Probation du Rhône. Un beau succès !
Et pourtant que de difficultés à surmonter !
A commencer par les multiples démarches à accomplir au quotidien: accès aux droits, suivi social, bilan de santé, recherche d’un logement, etc.
Objectif : « Redonner confiance aux « compagnons », les assister dans leurs recherches et l’accès à une formation qualifiante, prélude à l’emploi, commente Francis Gaquère, sous réserve que les personnes concernées aient manifesté, au cours de leur incarcération, le désir de se prendre en charge en acceptant d’être accompagnées. »

Heureusement, l’association fonctionne avec 30 bénévoles dévoués qui mettent leurs compétences et savoir-faire au service de ces « compagnons » d’infortune, tenus éloignés des nouvelles technologies, démunis en terme de maîtrise du français, de l’expression verbale ou écrite… Sous le joli mot de « réconciliation », toutes les personnes prises en charge dans ce programme sont invitées à participer à des sorties culturelles, des rencontres sportives, des ateliers d’art plastique, etc., destinés à consolider le lien social.
Pour assumer ces tâches indispensables pour favoriser la réinsertion, les Foyers Matter disposent, pour ce programme Devenirs, d’un budget conséquent (quoique insuffisant…) d’environ 500K€, assuré par des financements publics (Justice, Etat, Métropole de Lyon) complété par de fondations privées, telles que Fondation de France, M6, entre autres.
En 2023, une trentaine de compagnons ont bénéficié des services de « Devenirs », un chiffre dont Francis Gaquère s’enorgueillit, comme il se félicite des relations nouées avec la Justice : SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation), JAP (juge d’application des peines), personnels de la détention, etc.
Des contacts et des partenariats fructueux ont également été tissées dans la durée avec les administrations (mairies, professionnels sanitaires, bailleurs sociaux).
Certes, tout n’est pas « rose »… « Il y a des réussites et des échecs… Mais l’enjeu sociétal est capital : 63% des personnes libérées en « sortie sèche » sans accompagnement, récidivent, conclut Francis Gaquère, fidèle à ses principes.
Les chiffres clés
La détention touche essentiellement les populations jeunes, défavorisées et en mauvaise santé :
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44% ont entre 18 et 30 ans
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76% ont un niveau d’études inférieur au CAP
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46% des peines sont inférieures à un an
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80% présentent un trouble psychique ou psychologique
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8 mois, durée moyenne de détention
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La France est le 3ème pays ou la surpopulation carcérale est la plus élevée d’Europe
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3,7% des détenues sont des femmes
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63% de récidive pour les personnes libérées en « sortie sèche »
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39% de récidive pour les personnes libérées en « liberté conditionnelle »
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34% de récidive après une peine de travail d’intérêt général
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