Au violon
L’art à barreaux ouverts
Art et Prison, une alliance qui déroute… L’association éponyme est le fruit d’une rencontre fortuite entre Inga Lavolé-Khavkina, réalisatrice de films documentaires et Peter Echtermeyer, aumônier de prison en Allemagne.

Peter avait créé un concours international d’art réservé aux détenus et exposé les œuvres sélectionnées au grand public, il fallait oser ! C’est pour montrer ces œuvres en France, qu’Inga Lavolé-Khavkina a créé avec son mari Bruno Lavolé, ancien cadre chez BNPParibas, l’association française Art et Prison France.
Arthur Koestler, célèbre écrivain, prix Nobel, créateur de Koestler Awards en 1962, n’imaginait sans doute pas que son entreprise se propagerait en Europe, de Londres à Berlin en passant par Paris, Marseille,Toulouse, Saint-Nazaire, Strasbourg, etc.
C’est en 2014 que l’association française promeut pour la première fois en France les créations artistiques réalisées en prison. Sous l’intitulé « Un demi-mètre carré de liberté », référence à la dimension maximale des toiles participant au concours international, une soixantaine d’oeuvres sont exposées et diverses manifestations organisées pour accompagner l’événement. Des galeries d’art, des mairies, et même l’Atrium du Bâtiment Millénaire 3 où siège la Direction de l’Administration Pénitentiaire offrent leur espace pour accueillir ces artistes singuliers.

Que de chemin parcouru depuis la rencontre improbable, à Rome, du couple Lavolé avec Peter Echtermeyer ! C’était en 2009, l’aumônier avait réuni, dans une petite galerie, quelques tableaux créés par des prisonniers du monde entier… Depuis cette date, déjà six concours internationaux ont rassemblé au total plus de 2000 oeuvres venant des prisons de près de soixante pays sur tous les continents.

Depuis, l’association française compte une cinquantaine de membres et travaille toujours avec l’association allemande de Peter.
Grâce aux relations créées par l’association avec l’administration pénitentiaire, lors du dernier concours fin 2022 près de vingt tableaux sont venus d’établissement carcéraux en France.
Objectif : sensibiliser le public à l’importance de l’art en prison, favoriser l’établissement d’un lien entre l’intérieur et l’extérieur et promouvoir l’expression artistique en tant que vecteur de socialisation et de réinsertion.
L’accueil du public est enthousiaste. Confrontés, la plupart pour la première fois, au monde pénitentiaire, les visiteurs sont éblouis par la qualité des œuvres, leur diversité, les visiteurs prennent conscience de la complexité de la nature humaine : l’homme, même s’il a commis des méfaits, peut changer et la création artistique est l’un des axes de ce changement.

Avec l’autorisation de l’Administration pénitentiaire, un documentaire est tourné en détention sous la houlette de Inga Lavolé-Khavkina, cinéaste franco-américaine d’origine ukrainienne. Projeté lors de plusieurs festivals à Paris, Palo Alto aux Etats-Unis, à Berlin, « Un demi-mètre carré de liberté » a gagné le prix du meilleur documentaire au « Unrestricted View Film Festival » à Londres, en juillet 2020.
Bouleversant, le film donne la parole à Thierry, Zigor, Ernesto, détenus très impliqués dans la préparation de l’exposition. Leurs paroles, pleines d’émotion nous rappellent que l’art leur permet de rompre avec la spirale de l’auto-destruction, de gagner une identité, de se réhumaniser grâce au regard des autres, de trouver une porte de sortie pour se sentir libre.
En 2025, ces expositions s’inscriront dans un projet européen avec une exposition itinérante qui sera présentée aussi en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas.
A votre écoute !
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